Maurice Jean Madeleine de Broglie est né au chateau de Broglie le 5 septembre 1766. Fils de Victor-François, duc de Broglie et Maréchal de France, il étudia au Séminaire Saint Sulpice et fut ordonné prêtre à Trèves en 1792. Si au commencement de la révolution son inexpérience et la générosité de son caractère le portèrent à s’y montrer favorable, les conseils de son père et la tournure que prenaient les événements l’eurent bientôt désabusé. Il émigra et, après avoir reçu la prêtrise à Trèves, il rejoignit le maréchal à Berlin, où le roi de Prusse qui l’aimait, lui fit obtenir la prévôté du chapitre de Posen dans la Pologne prussienne. Cependant, comme les habitudes et le climat du pays ne pouvaient lui convenir, il rentra en France en 1803 et fit quelques démarches pour recouvrer des bois non vendus qui appartenaient à sa maison. Napoléon le sut et, comme il avait à cœur de réunir autour de son trône les familles distinguées de l’ancienne monarchie, il se montra favorable à la requête de l’abbé De Broglie, le nomma son aumônier et peu après (avril 1805) évêque d’Acqui en Piémont. Maurice, qui était loin d’ambitionner ces faveurs, allégua en vain la faiblesse réelle de sa santé; il fut sacré à Paris par le cardinal-légat, le 17 novembre; mais le climat d’Acqui lui étant aussi défavorable que celui de Posen, il obtint deux ans plus tard sa translation à Gand le 4 décembre 1807. Heureux de trouver sou nouveau diocèse bien organisé et déjà doté des établissements religieux les plus nécessaires par l’intelligente activité de son prédécesseur, Mgr Fallot de Beaumont, il commença son administration sous les meilleurs auspices. La bienveillance que lui témoignait encore Napoléon donnait un poids nouveau aux sages mesures du prélat; malheureusement elle ne pouvait longtemps durer, le nouveau César publiant, coup sur coup, des décrets qui empiétaient sur les droits de l’Église et qu’il était impossible à l’évêque d’approuver. Une lettre du ministre des cultes lui reprocha, dès le 10 août 1809, son peu d’attachement à l’empereur et rappela son grand vicaire, le sage abbé Le Surre, qui ne méritait pas, disait-on, sa confiance. Maurice réclama vainement. Nommé membre de la Légion d’honneur, l’année, suivante, il n’hésita pas à refuser cette distinction, parce que le serment que prêtaient les légionnaires lui parut impliquer l’approbation de la récente usurpation des États romains. Peu de temps après, Napoléon l’apostropha durement à ce sujet dans une audience et comme le prélat lui répondit, sans crainte, que sa conscience s’opposait à ce qu’on demandait de lui, l’empereur lui dit brutalement : « Votre conscience est une sotte! » Une pareille scène apprenait à l’évêque qu’il était entièrement disgracié. Ce qui pouvait l’en consoler, c’était l’amour filial que lui portaient ses diocésains et qu’il avait obtenu dès le commencement de son épiscopat à Gand par l’aménité de son caractère, sa droiture, sa piété éminente et son dévouement au saint siége.
Suite à cette opposition à Napoléon, s’ensuivit diverses mésaventures et un exil.
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Enfin la chute de l’empire français, en 1814, fit cesser cette déplorable persécution et l’évêque si durement éprouvé put revoir ses ouailles. Le 24 mai, il fit à Gand une entrée vraiment triomphale et fut accueilli par le clergé et les fidèles avec autant d’allégresse qu’autrefois saint Eusèbe de Verceil et saint Hilaire de Poitiers au retour de leur exil.
Il est mort le 20 juillet 1821 et son corps repose dans la crypte de la cathédrale Saint-Bavon de Gand.